Celio a fermé 102 magasins en France entre 2020 et 2022. Les enseignes Camaïeu, André et San Marina ont définitivement cessé leur activité en moins de deux ans. Les procédures collectives se multiplient dans le prêt-à-porter depuis 2019, touchant aussi bien les chaînes historiques que les nouveaux entrants.
Le secteur enregistre une baisse de 15 % du chiffre d’affaires depuis 2019, selon l’Alliance du Commerce. Cette contraction s’accompagne d’une évolution rapide des modes de consommation et d’une recomposition du paysage commercial.
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Le secteur de l’habillement en France : état des lieux et chiffres clés
Le secteur habillement France traverse une période de turbulence rarement vue. Depuis 2020, la crise du prêt-à-porter explose au grand jour : rideaux tirés, vitrines abandonnées, noms familiers disparaissant du paysage urbain. Les chiffres parlent d’eux-mêmes, sans appel : entre 2020 et 2023, 100 procédures collectives ont frappé 80 enseignes. Sur tout le territoire, plus de 3200 magasins ont mis la clé sous la porte. Aujourd’hui, selon l’Institut français de la Mode, il ne reste qu’environ 5600 points de vente.
Dans la capitale, la vacance commerciale recule lentement mais sûrement. D’après Knight Frank France, le taux atteint 5,8 % en 2023. Sur les Champs-Elysées, environ 4 % des locaux restent inoccupés. Paris résiste, attire, alors que la province se débat souvent avec des rues commerçantes clairsemées et des locaux vides qui s’éternisent.
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La bascule vers le numérique est spectaculaire. En 2022, la Fevad estime que 12,5 % des ventes de produits se font en ligne. Le secteur habillement suit la tendance : 147 milliards d’euros de dépenses e-commerce sont enregistrés dans le pays la même année. Les habitudes changent, et le commerce physique recule, grignoté par la montée du digital.
Pour mieux comprendre, voici quelques points-clés qui illustrent ce bouleversement :
- Les chiffres clés habillement témoignent d’une transformation profonde du marché textile France.
- L’essor du e-commerce va de pair avec la recomposition du secteur : disparition de marques historiques, arrivée de nouveaux acteurs et adaptation constante des boutiques restantes.
Face à ces changements, la crise du prêt-à-porter s’installe dans la durée. Ce sont les fondements mêmes du secteur qui vacillent, sous la pression de mutations économiques qui s’accélèrent.
Quelles sont les principales enseignes de vêtements qui ont disparu ces dernières années ?
Jennyfer, longtemps repère des adolescents, a fini par baisser définitivement le rideau. Après un redressement judiciaire en juin 2023, la liquidation a été actée le 30 avril 2025, avec une fermeture totale le 28 mai. 191 magasins envolés, 999 salariés remerciés. C’est une page qui se tourne, brutalement.
Camaïeu, figure chère à des générations de clientes, a connu le même sort. Sa liquidation judiciaire de septembre 2022 a laissé 2100 personnes sans emploi. Les centres-villes ont perdu une enseigne qui faisait partie du décor. Celio a repris la marque, promettant une nouvelle collection à la rentrée 2024, mais ces retours sont rares.
D’autres noms tombent les uns après les autres : C&A annonce la fermeture de 24 magasins d’ici 2026, soit 93 licenciements économiques et la suppression de corners dans les hypermarchés Carrefour, Intermarché, Auchan. Kookaï, Naf Naf (en redressement judiciaire), Pimkie (fermetures en cascade), Gap France (dépôt de bilan), San Marina, André (liquidation ou redressement) : la liste s’allonge, les vitrines s’effacent, les rues changent de visage.
Derrière ces enseignes, c’est tout un pan du commerce de proximité qui s’effondre. Des marques emblématiques comme Minelli, Kaporal, Burton of London, Du Pareil Au Même, Sergent Major, Princesse Tam Tam, Comptoir des Cotonniers, Orcanta, Maison Lejaby tentent de survivre, parfois grâce à des repreneurs, souvent dans la tourmente. Le secteur se transforme par défaut, et laisse des artères commerciales en quête d’un nouveau souffle.
Comprendre les causes profondes de la crise : entre mutations économiques et évolutions des modes de consommation
La crise du secteur de l’habillement ne se limite pas à une série de magasins déserts. Depuis 2020, 100 procédures collectives ont touché près de 80 enseignes, provoquant la fermeture de 3200 magasins de vêtements en France. C’est une partie du tissu urbain qui se délite, comme un paysage qui perd ses repères.
Les mutations économiques sont au cœur du problème. La pandémie a précipité la migration massive vers le e-commerce : selon la Fevad, en 2022, 12,5 % des ventes de produits passent par Internet. Le chiffre d’affaires du commerce en ligne atteint 147 milliards d’euros la même année. De nouveaux acteurs, comme Shein ou Vinted, bousculent les codes. Désormais, tout se vend, tout s’échange, tout se like, tout se livre en quelques clics.
Dans le même temps, le pouvoir d’achat s’étiole, l’inflation se fait sentir sur les budgets, et les consommateurs modifient leurs habitudes. L’attrait pour la seconde main se renforce, à la recherche de pièces originales ou d’achats plus responsables. Beaucoup se détournent de la fast fashion, délaissant les enseignes classiques au profit de la chasse à la bonne affaire ou d’un shopping plus réfléchi. Les grandes surfaces spécialisées et les zones commerciales périphériques captent une partie de la clientèle, autrefois fidèle au centre-ville.
Les enseignes historiques, elles, paient parfois leur manque d’adaptation : absence de différenciation, stocks trop lourds, modèles économiques qui s’essoufflent. Face à la concurrence féroce des géants internationaux comme Zara ou H&M, et à l’arrivée des pure players, les acteurs traditionnels peinent à suivre. La crise du prêt-à-porter s’écrit ainsi, entre mutations de fond et bouleversements des habitudes d’achat.
Nouvelles dynamiques : comment le secteur se réinvente face aux défis actuels
Le prêt-à-porter français a perdu de nombreux repères, mais il ne se laisse pas abattre. Il s’adapte, se réinvente. L’onde de choc des fermetures et l’essor du e-commerce poussent les professionnels à explorer de nouveaux terrains. La digitalisation devient incontournable : sites marchands repensés, commandes en ligne, click & collect, présence sur les réseaux sociaux. Impossible désormais de s’en passer, c’est la base.
Certains groupes misent sur le modèle multimarques pour mieux résister : Vib’s regroupe par exemple Bonobo, Cache-Cache et Bréal sous un même toit. Objectif : élargir le choix, attirer plusieurs profils de consommateurs, mutualiser les coûts. D’autres parient sur le segment du luxe ou de la mode éthique. Kering ouvre un flagship Saint Laurent sur les Champs-Elysées, Richemont installe Panerai et IWC, LVMH prépare de nouveaux espaces pour Dior et Louis Vuitton.
À Paris, la vacance commerciale recule, notamment sur les Champs-Elysées, portées par l’arrivée de concepts hybrides et de marques internationales comme Urban Outfitters, Calvin Klein, JD Sports ou Normal. Les enseignes de sport ou de discount (Basic Fit, Action, Tedi) remplacent peu à peu les magasins de textile traditionnels. Les frontières s’effacent entre les secteurs : alimentaire, non alimentaire, tout se mélange, tout s’invente. La relation client change, la gestion des stocks aussi.
La créativité devient la règle du jeu. Séries limitées, collaborations, fabrication locale, omnicanalité : chaque enseigne cherche sa recette pour tenir tête à la domination du e-commerce. Le multicanal s’impose ; la proximité, la transparence, la rapidité deviennent des arguments décisifs face à l’uniformisation proposée par les algorithmes.
Le secteur de l’habillement, secoué par les tempêtes, ne cesse pourtant de chercher de nouveaux cap. Qui sait à quoi ressembleront nos rues demain, et quels noms s’inscriront sur les devantures ?